Vendredi, en milieu d'après-midi, je suis descendue au village pour publier le billet de blogue que j'avais mis plus que la matinée à pitonner. Chaque fois, c'est un moment particulier de peser sur "envoyer". Plus souvent qu'autrement, après avoir manié tant d'idées et de mots sur plusieurs heures, c'est un sentiment de satisfaction qui m'habite. Parfois, c'est aussi un sentiment d'inconfort. Même si je le fais plus que tout pour moi, il reste que partager publiquement un bout de mes pensées me place dans une certaine position de vulnérabilité ; l'humain est conditionné à juger selon le critère "j'aime" ou "j'aime pas". Et, on ne se le cachera pas, il cherche à...
Eeeee non, je me reprends...(technique de meilleure communication oblige) : MOI je cherche à, entre autre...m'exprimer librement sur ce que je suis, sur comment je me sens.
Toujours est-il, qu'après voir publié sur mon blog, je vois dans ma boîte de courriels, une invitation qui date du matin, à me joindre à des amis de Victo dans une ville à 1h30 d'ici, pour une soirée qui s'annonçait super.
Ma voix d'instinct (voix #1) me dit :
"Yeahhhh vamos!!"
L'autre petite voix, elle (voix#2), celle de l'insécure-perfectionniste que j'ai déjà été (et que je suis encore par moments), n'a pas perdu de temps pour rouspéter :
"Ouin...mais tu viens d'arriver à la plage et ton plan s'était de te baigner...
Et s'ensuit le dialogue entre les deux :
Voix #1 :
Tu ne mourras pas si tu manques la plage...pour 1 journée! Et c'est pas comme si tu n'en avais pas profité depuis décembre...et qu'il ne te restait pas encore plusieurs semaines ici. En plus, les vagues sont encore gigantesques aujourd'hui, tu n'auras même pas tant de fun!" Et là-bas aussi il y a la mer!! Pfff!
Voix #2 : Il est déjà un peu tard...
Voix #1 : Euh...il est juste 15h!!
Voix #2 : D'habitude tu préfères te déplacer le matin.
Voix #1 : JUSTEMENT, t'es ici pour travailler à briser les habitudes...
Voix #2 : Tes bagages ne sont pas fait...
Voix #1 : Quels bagages?! T'as besoin d'un bikini, ta brosse à dents et des bobettes!
Voix #2 : Ah oui pis, pis t'avais prévu assister aux shows de cirque ici le soir.
Voix #1 : PRÉVU...c'est justement un mot que tu dois apprendre à utiliser avec parcimonie. Il faut bien sauter dans le bateau quand il passe...
Voix #2 : ...
Voix #1 : Gna gna! 5-0 pour moi! VAAMONOSS!!
Je sais, c'était un beaucoup trop long dialogue, voir même monologue, pour rien, mais je travaille fort à réduire l'espace disponible pour la parfois-trop-fameuse voix #2.
Bref, une heure plus tard, j'étais douchée, "coquettée". J'avais bien barricadé mon appartement contre les voleurs et les bestioles qui auraient voulues explorer mon refuge en constatant mon absence prolongée (surtout qu'en sortant mon sac j'ai vu la plus grosse des araignées de ma petite vie d'aventureuse...que vous savez, n'est rien comparée à un safari en Afrique ou du camping en pleine jungle (je vous épargne l'histoire avec l'araignée...vous me connaissez un peu, vous pouvez vous imaginez un scénario...). J'avais aussi géré le départ du locataire d'en haut que j'aurais normalement fait le lendemain, mon (mini)sac était fait et j'avais les fesses dans la boîte de pick-up, prête pour l'aventure...
Wouhouu....grosse aventure je sais!! C'est juste à 1h30 d'ici et c'est une ville où je suis déjà allée sporadiquement dans le passé, mais l'excitation de sortir de mon petit patelin (et de ma grosse, parfois trop grosse, bulle), et d'aller voir des amis était bel et bien là!
C'était tellement satisfaisant de partir avec presque rien (encore moins que d'habitude) et une idée plutôt vague d'où je m'en allais, sans même ressentir une seule pointe d'insécurité. C'est beau (et nécessaire!) de sortir de sa zone de confort de temps à autre, mais c'est aussi super intéressant de pouvoir surfer sur du "juste un peu connu". C'est juste assez pour avoir besoin d'entrer en contact avec quelqu'un dans la rue pour demander son chemin, et pas trop pour être chargée d'un stress qui empêche parfois d'apprécier la magie du moment.
J'ai passé 3 belles journées super bien entourée. J'ai rencontré des beaux jeunes bénévoles à l'auberge. J'ai découvert (et redécouvert) des plages. J'ai marché dans des quartiers qui longent la mer ; des baraques de riches protégées par du barbelée, qui donnent des frissons tellement pour moi ça ressemblent à des prisons. J'ai mangé de l'excellente bouffe de France, d'Italie et du Moyen Orient. J'ai même retrouvé "LA" place avec le meilleur gelato au monde que j'avais goûté il y a 7 ans (comme quoi les souvenirs trafiquent parfois la réalité...ou les choses changent tout simplement...parce que c'était vraiment un excellent gelato, mais je ne suis pas tombée par terre comme dans ce que je me souvenais). J'ai vu de la bonne musique live, dont le chanteur du groupe se (nous) gâtait par son attitude, sa voix, ses "moves"...en bedaine (mais surtout, en "pas-de-bedaine!). J'ai replongé dans les joies de marcher dans les rues d'une "ville", avec toute sa splendeur 100% mexicaine. J'ai vu le plus beau coucher de soleil (soleil de couche comme a si bien traduit notre ami anglophone Joseph) depuis plusieurs semaines. J'ai vécu un des plus sweet matin à boire un café sur une pointe surplombant la mer, à savourer la chaleur du soleil et la fraîcheur des éclaboussements des vagues sur les rochers, et à observer les arc-en-ciel formées par la brume au dessus de ces énormes et bruyants rouleaux blancs.
J'ai des amis motivés, inspirants et avec un très grand coeur et je suis choyée d'avoir vécue des précieux moments en leur compagnie.
Parce que toute bonne chose a une fin (qui disent!), je suis revenue, 3 jours plus tard. Avec beaucoup d'émotions, un peu de nostalgie et aussi d'excitation, je suis rentrée "chez moi", dans mon petit village tranquille qui inspire l'introspection.
Le coeur un peu gros, pour différentes raisons, je suis partie marcher sur la plage, avec l'intention de plonger dans cette Mer, cette mère, cette guérisseuse.
Presqu'au bout de la plage, une amie, anglophone, sort de l'eau, seins nus, en me disant :
"Oh my God!! I was just thinking about you!!".
Au même moment, une autre amie, chilienne, elle, apparait, flambette nue (vive la tranquilité du village en mars!) :
"Estuve pensando a ti en este momento!!"
Cette vague de "je pensais justement à toi" m'a fait plonger dans ma tristesse d'être partie, mais aussi dans ma joie d'être de retour, parmi ces femmes de coeur. Elles m'ont offert leur présence, tout simplement.
Une après l'autre, elle ont dû partir. Je pouvais et je devais rester. La dernière à quitter, l'anglophone, se retourna un peu plus loin, pour me crier avec toute son empathie :
"Welcome home!!"
J'ai re-pleuré.
De tristesse.
Mais aussi de joie.
Encore.
Tout est tellement relatif...
What is home?
Where is home?
They say : "Home is wherever your heart is"...
I agree...
Et oui, mon coeur est aussi au Québec. Salutations chaleureuses à vous, gens du pays, gens de mon pays, qui plongez de nouveau dans l'hiver. Patience, je ramènerai beaucoup de chaleur dans mes petits bagages.
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L'immensité dans sa plus grande beauté

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