C'est toujours un peu inconfortable d'acheter un billet de retour. C'est souvent une petite bataille entre :
"Je ne peux pas croire que je suis rendue là", "Je ne me sens pas si prête à partir" et "Il faudra bien rentrer un jour de toute façon".
L'an dernier, je m'étais juré de ne pas rentrer avant avril parce que mars c'est encore trop tôt. Ici tout le monde me dit :
- Oui, mais mars, c'est le printemps non!?
-Oui...mais non! Dans le calendrier oui...dans la nature c'est rarement le cas.
Vous savez de quoi je parle...avec LA tempête de l'hiver que vous avez eu mardi. C'était LE sujet du jour...même ici au restaurant! Malgré la période tranquille et la plage plutôt déserte, il y a encore beaucoup (trop?!) de québécois. J'ai reçu des messages et des photos de vous qui pensiez à moi...merci c'était très touchant (hihi!).
J'adore la neige!! Oh oui!! Je vous jure que j'adore la neige...surtout quand je n'ai pas d'obligations envers elle...du genre déneiger et conduire l'auto! Je me serais bien téléportée au Québec le temps de me pitcher dans un banc de neige, de faire de la raquette, de descendre un piste de poudreuse en snowboard, de dessiner un géant mandala sur la rivière et de m'asseoir en combines sur le bord d'un poêle à bois.
Mais cette journée-là de tempête, je n'ai pas eu le courage d'ouvrir facebook plus que 10 secondes. Une fuite peut-être...mais c'était surtout "just too much" sur un seul et même sujet. Et comme je ne suis pas fan des discussions sur la pluie et le beau temps, j'ai préféré profiter des moments ici (pas pour vous écoeurer là)...avec la plage, la chaleur et la mer...
Avril donc, c'est le mois que j'avais projeté pour rentrer. C'est le mois où le contrat de sous-location de mon cocon au Québec se termine, et payer 2 loyers en même temps ne faisait pas parti de mon plan, ni logique, ni monétaire (après tout, depuis décembre que je me gâte ici!).
Avril, c'est aussi le mois de la "semana santa" (semaine sainte). Les mexicains viennent à la plage profiter de leurs vacances...et c'est loin d'être sain! C'est plutôt la folie...c'est plutôt bof!
Alors que je commençais à penser que peut-être il serait temps de regarder une date de retour, j'ai vu passer l'annonce d'un festival de salsa organisé par mes profs du Québec...le 1er avril. Moi qui voulais rentrer en avril...il faut toujours faire attention à ce qu'on demande, non? J'aimais bien i'idée de revenir pour danser dans un festival en compagnie de mes précieux amis de salsa, mais ça impliquait que je rentre AVANT avril. Je n'étais pas encore convaincue...
Mais il vient un moment où les événements parlent. Cette fois-ci, ils m'ont chuchoté, que parfois, il vaut "mieux partir", pour "mieux revenir".
Je vous en ai déjà parlé ; ici, je me sens chez moi..."home"...
La première fois que je suis passée sur cette partie de la côte, j'ai senti que j'avais trouvé "ma" place. Cette année, ce sentiment est plus fort que jamais. Ici, je peux plonger, nager et baigner dans ma créativité, mes émotions et mes passions. J'ai trouvé une place, même deux, où je peux offrir autant que je peux recevoir. Tout ça contribue à nourrir mon sentiment d'accomplissement ; un besoin essentiel à mon bonheur.
Une des places qui me fait sentir à "ma" place, s'appelle "Casa de Pablo". Pablo c'est le propriétaire de la maison où j'habite. Je l'ai rencontré ici l'hiver dernier quand il était de passage pour des vacances dans sa maison. Quand il est parti, je lui ai proposé de recevoir les futurs voyageurs qui parlaient anglais pour faciliter la communication. C'est là que je suis tombée en amour avec le principe de AirBnB : j'aime tellement prendre soins des espaces de vie et de ses occupants, que ça me donnait envie d'en faire plus.
Par un heureux hasard (mais puisqu'il n'y a pas de hasard, mais que des rendez-vous), disons plutôt...
par un heureux rendez-vous, quand j'ai contacté Pablo en novembre pour louer la maison, elle était toujours disponible. J'ai donc loué l'appartement du haut un mois avec mon amie Marie-Pierre, tout en ayant la chance de jouer à l'hôte avec les locataires de l'appartement du bas.
Je suis ensuite déménagée dans mon hôtel fournie pour la durée de mon contrat de travail. J'aurais pu y rester plus longtemps, mais la vie tranquille de la maison retirée en montagne me manquait. Encore un beau hasard/rendez-vous : l'appartement du haut était loué, mais celui du bas était disponible.
Après avoir ouvert toutes (il y en a plusieurs!) les fenêtres, déplacé quelques trucs et installé une branche pour suspendre mes vêtements, c'est devenu "chez moi". Un beau cocon qui me ressemble. Petit, simple et coloré... À ma grande surprise, je m'y sens encore mieux qu'en haut! J'ai moins de vue, mais autant d'air, sinon plus, et j'ai une terrasse immense qui me sert de salle à manger, de salon, d'atelier, de salle de yoga...
Cette maison m'a donné l'élan de me remettre à une de mes grandes passions : observer l'espace, le réfléchir. Trouver des façons simples de l'organiser, de l'aménager, pour le rendre plus cute, plus fonctionnel et plus confortable.
Ça fait quelques années que je cherche un moyen d'en faire mon travail, mais comme le "homestaging "n'est pas populaire au Québec, je pense avoir trouvé une solution ici :
j'ai proposé à Pablo de m'occuper de quelques trucs, ce qu'il a accepté en m'accordant toute sa confiance. J'ai ressorti la peinture restante de mon projet de murale de l'an dernier et je me suis amusée à mettre un peu d'amour ici et là.
Au fil des messages que nous avons partagés, Pablo est devenu un ami. Je me sens très choyée de cet échange ; habiter et s'occuper de la maison de la personne qui l'a construite et qui rêve d'y vivre, c'est une opportunité très nourrissante.
Le comble? C'est que je peux continuer à jouer à l'hôte en m'occupant des locataires d'en haut. La dernière famille qui est venue a d'ailleurs été très inspirante. Des ontariens fort sympathiques, relaxes, intéressants et intéressés. J'ai même pu pratiquer mes techniques de maquillage sur le visage de la petite Avielle, la plus cute, tranquille et adorable des enfants. Maintenant qu'ils sont partis, je m'ennuie un peu de leur présence, particulièrement la nuit, où un simple craquement de branche me met parfois en mode "sur mes gardes".
J'ai tellement d'idées, de projets et de motivation pour cette maison, que je commençais à sentir qu'avril viendrait beaucoup trop vite et que je manquerais de temps pour tout faire.
Comme la vie fait bien les choses, un matin, tout s'est éclairci.
Je suis descendue à mon resto préféré. Préféré à cause des tables qui sont sur la plage (et donc mes pieds dans le sable), à cause des beaux souvenirs que ce lieu commence à emmagasiner, mais aussi à cause du café, des cocktails....et...du wifi.
Je me suis donc mise à écrire à Pablo : j'avais envie de lui proposer mon aide pour gérer le site AirBnB de la maison. Chose qu'il a acceptée et qui m'a vraiment fait plaisir. C'est tellement satisfaisant de savoir qu'on aide quelqu'un en faisant quelque chose qu'on aime par dessus le marché! Ça commençait bien la journée!
Ensuite, je suis montée au studio de yoga pour voir Brigitte : j'avais une offre à lui faire suite à mon expérience d'assistante, que j'ai a-do-rée!
Bien sûr, comme toute première fois, je n'étais pas toujours tout à fait comme un poisson dans l'eau. J'ai rencontré certaines de mes limites (du moment), particulièrement quand est venu le temps de jouer à la traductrice...parce que oui, j'ai dû le voir comme un jeu pour éviter de me juger dans ce qui n'était pas le plus fluide, le plus confortable, ni le plus réussie de ma vie. Mais j'ai aussi rencontré mes forces ; j'ai acquis une quantité, mais surtout une qualité d'informations au cours de mes formations et je prends un réel plaisir à les partager.
(Merci spécialement à Hervé Blondon de Satyam Yoga à Montréal pour les enseignement qu'il m'a transmis. Il m'ont permis de me sentir plus solide et de créer un climat de confiance autour de moi).
Les élèves l'ont apprécié. Brigitte aussi. Au point de me demander de l'assister dans la retraite qui suivait immédiatement la formation...ce que j'ai accepté sur le champs! Elle m'a aussi lancé l'idée de donner des cours à l'horaire régulier de la prochaine saison, chose que je n'ai pas refusée ni acceptée, étant donné que je n'avais toujours pas de plan pour l'hiver prochain.
Ce matin-là donc, je me sentais prête à lui proposer de l'aider à enseigner dans une future formation de prof, considérant que j'ai les connaissances, les aptitudes et la motivation nécessaires pour le faire.
Avant même que je prononce un mot, elle me dit (en anglais ou en espagnol...je ne sais plus! Il vient un temps où toutes les langues deviennent la même...) :
- "J'aimerais que tu me dises si tu veux officiellement donner des cours l'hiver prochain. Aussi, j'aimerais savoir si tu peux m'assister à la prochaine formation de février. "
- ... (moment de silence dans mon coeur)
Une pierre, deux coups.
Touché, coulé.
J'ai évidemment accepté, en plus de lui parler de ma proposition. Je ne sais pas si je serai vraiment prof dans la formation de profs, mais au moins, ma flèche est lancée. Le temps me dira si elle passe au travers des réflexions de Brigitte pour atteindre la cible de ses besoins. Chose certaine, me voici, de nouveau, avec un plan pour le prochain hiver, dans ce lieu de ressourcement, que je considère le refuge de mon âme.
J'ai toujours rêvé de passer plusieurs mois sur le bord de la mer et depuis que j'ai fait ma formation de prof ici, je m'imaginais y revenir pour travailler. Parfois ce qu'on désir nous crée des attentes, et qui dit attentes, dit souvent déceptions. Pas dans ce cas-ci! Au contraire... Peut-être parce que cette vision était crée par les yeux de mon coeur...et ce qui vient réellement du coeur ne vient pas avec des attentes (?).
J'arrive à peine à croire que ça se passe.
Il y a de ces choses qui viennent à nous, parfois qui sont au delà de nos attentes, au delà de nos demandes, et qui confirment que nous sommes à la bonne place.
Je peux affirmer aujourd'hui que, en plus de "ma" maison, j'ai aussi trouvé ma famille ici, celle de Solstice Yoga.
Gratitude.
Donc, si tout continue dans la même direction, en plus d'avoir du travail l'hiver prochain, je pourrai continuer de m'occuper de la maison de Pablo et de ses visiteurs.
Cette journée-là, j'ai senti que je pouvais partir...pour mieux revenir...
J'ai acheté mon billet de retour le jour suivant.
Je rentre donc le 30 mars au Québec...mais Chuuuut!!
Ne le dites pas à ma gang de salsa, c'est une surprise...
P.S. Il semble que le doux soleil du printemps est finalement bel et bien arrivé avec la date sur le calendrier. Je suis bien heureuse pour vous! Et si ce n'était pas qu'il me reste moins de 2 semaines ici, je me permettrais presque d'être jalouse, c'est un feeling incroyable de vivre la fin de l'hibernation. Mais connaissant Dame Nature, elle risque de garder des surprises pour mon retour...
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L'immensité dans sa plus grande beauté

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