jeudi 30 mars 2017

I love youuuuuu!!!

You can forget the details and you can forget the dates, but never forget the moment (The Cat Empire)

...et je n'oublierai jamais cette journée...cette journée qu'on pourrait qualifier de "dernière" si on voulait vraiment la nommer...

Pour ma dernière nuit, j'ai choisi de me "gâter" et de terminer mon voyage comme il a commencé, soit, dans le lit inconfortable (mais avec vue!) de l'appartement du haut puisqu'il était vacant. J'avais oublié combien l'absence de mur avait un impact sur moi. Plus d'air, plus de sons, plus de lumière... Même si j'ai passé une nuit plus ou moins reposante (mes rêves traduisaient mon stress et ma nostalgie du départ), mon réveil était riche d'émotions et de gratitude.

Ma journée a donc naturellement commencée plus tôt que les autres des dernières semaines, c'était parfait parce qu'une dernière journée signifie toujours beaucoup (trop?) de choses sur la "to-do list", particulièrement quand tu t'appelles Elise Vigneault et que tu as une forte tendance à procrastiner. J'ai donc pris mes premières heures matinales pour me faire un café, commencer à paqueter, mais surtout, finaliser les derniers détails pour la maison, soit terminer les feuilles d'instructions et des paniers de bienvenus pour les prochains arrivants.

Pendant que j'étais concentrée à la tâche, j'ai entendu une moto arriver. Manolo!!!!! Je l'espérais depuis 3 jours...

Parce que oui, je l'ai revu!! Vous vous rappelez? Ce beau Manolo que j'ai connu l'an dernier et qui a mis un peu de magie dans mon épisode d'expérimentation du système de santé de Pochutla de février? Et bien, la scène de film s'est répétée. J'étais en train de prendre un verre sur le trottoir d'un resto tenu par un des plus beaux couples du village ; une chilanga (fille de Mexico City) et un italien. Ils se sont rencontrés ici il y a quelques années ; lui en vacances pour surfer et elle, en vacances "pour se retrouver". Je ne sais pas si elle s'est trouvée "elle", mais ils se sont certainement trouvés "eux". Ils sont ultra sympathiques, tranquilles et super inspirants ; ils ont un des plus cute espace du village.

Toujours est-il, que, soudainement...vrooom!...Manolo passe en moto! La suite de l'histoire a été différente que la fois de Pochutla. Les éléments étaient enfin de notre côté pour nous permettre de se voir plus qu'une seconde et quart ; on était au village, il ne circulait pas dans un sens unique et ce n'était pas l'heure de pointe. Il a donc rebroussé chemin pour qu'on puisse jaser. Son sourire dans l'obscurité du soir est encore plus déconcertant! On s'est promis de se voir sur la plage dans les jours suivants...au coucher de soleil après son travail, comme dans "le bon vieux temps" de l'an dernier, à jaser, et à s'entrainer à faire des équilibres sur les mains.

On s'était donné rendez-vous lundi ; pour mon avant-dernier jour, il devait m'apprendre à surfer les vagues en boogie board. Je ne sais pas si j'étais si partante, mais chose certaine, je voulais au moins le voir une fois user de ses talents aquatiques, parce que des talents terrestres, il en déborde. Je ne me tanne jamais de le voir faire ses flips, ses backflips et ses pirouettes, dans le sable, sur les roches ou dans une vague...tout comme je ne me tanne jamais de regarder les surfers en général. Les humains qui sont connectés et habiles avec leur corps m'ont toujours fascinés, comme c'est le cas dans le monde de la danse, du cirque...et maintenant j'ajoute le surf à la liste.

Lundi donc...je l'espérais. Il n'est pas apparu. Mardi, je l'espérais encore. Toujours pas de Manolo. J'étais un peu inquiète, mais je me suis juste rappelée qu'on est au Mexique et qu'un million de choses peuvent faire changer les plans. Tant pis, je le saluerai l'an prochain!

Et c'est ce matin, en entendant sa moto arriver, que j'ai reçu un beau cadeau de départ : son précieux sourire et sa présence. Dimanche, il a eu un accident. Il a glissé dans une courbe. S'il avait été seul, aucun doute qu'avec ses supers réflexes de chat, qu'il serait retombé sur ses pattes sans égratignures. Mais comme c'est un gentlemen bien alerte, il a voulu protéger sa copine assise derrière lui en l'agrippant avec son bras, recevant ainsi tout le choc de la chute avec sa poitrine. Somme toute, il n'a rien de cassé. Son amie non plus, mais elle a laissé un peu de peau sur son passage et requiert des soins plus rigoureux. Il veille donc sur elle à l'hôpital depuis...

Ce matin, il a combattu la douleur de sa poitrine et il a fait la route depuis l'hôpital de Huatulco pour venir me saluer et retourner ensuite au chevet de son amie. Dire qu'il avait pensé venir me saluer à l'aeroport après son travail, jamais on aurait pensé être dans la même ville...pour des raisons aussi différentes. J'étais donc remplie de reconnaissance pour ce moment. Pas que j'étais contente de le voir dans cet état, mais ça me rend toujours un peu triste de ne pas pouvoir prendre le temps de dire au revoir à quelqu'un avec qui j'ai grandi. Parce que oui, j'ai grandi, avec toutes les histoires qu'il m'a confiées dans les derniers jours. Je me sens toujours privilégiée quand quelqu'un m'ouvre une fenêtre aussi intime sur sa vie, ses expériences, ses défis. Pour moi c'est ça le sens de la vie : partager et apprendre à se connaître, à se reconnaître.

Merci Manolo!

J'ai donc pu continuer ma journée plus que remplie, avec une sensation de gratitude et de légerté. Bien que la chaleur d'avril se fait sentir, le vent des derniers jours m'a aidé de profiter du soleil du matin sur la plage. Ce matin, les vagues étaient parfaites dans leur amplitude. Elles étaient rafraîchissantes, presque froides...pour ici! J'ai marché, chanté, dansé. J'ai absorbée tout ce que je pouvais du moment.

Merci la mer! Merci la plage!

J'avais ensuite rendez-vous avec mon amie Emma pour un dernier café. Ce fut un court moment, mais rempli d'amour. Je suis si fière du chemin qu'elle a parcouru en un an. Nous nous supportons beaucoup dans ce que nous vivons en tant qu'étrangères se faisant une place dans le village. Comme elle traverse une passe plus difficile, j'aurais vraiment aimé continuer d'être là pour elle. Je me suis retenue pour ne pas laisser couler le flow de mes émotions, mais j'ai tout de même quitté rapido, sans saluer les gens du café, sinon ça allait être plus que des yeux mouillés, déjà sur le point de déborder.

Merci Emma! (Je t'aime!)

Direction studio de yoga pour dîner avec mes super collègues et amies. Un moment de filles drôle, touchant, et rafraichissant.

Merci Brigitte!
Merci Sharon!
Merci Daniela! (I love youuuuuu!)

Dernière saucette à la mer pour la dernière marche, la dernière course, les dernières acrobaties...la dernière danse...

Merci musique! (Je vous ferai une liste plus précise tantôt!)

Dernière montée vers la maison. Dernières touches de peinture. Dernière douche.

Merci maison! Merci Pablo!

Et Hop dans le taxi!!

Une sortie digne d'une diva version "güerra au Mexique", la moitié du corps sorti par la fenêtre, je criais des "adios" à un, des "nos vemos en diciembre" à d'autres, que je n'avais pas eu la chance de croiser dans la journée. Le taxi s'est même arrêté en plein milieu de la rue pour que je puisse faire un câlin à une.

Une fois sur la route, puisque je commence à connaître les aires, je me suis permis de vivre l'expérience de me mettre de la musique dans les oreilles, dans le tapis! Toujours la fenêtre ouverte, j'ai profité des derniers rayons de soleil, en sortant parfois la main, parfois le bras, et d'autres fois, la face au complet. J'ai tellement goûté à chaque derniers instants, que je n'avais pas pris le moment de penser. Là, j'avais une heure. Une heure pour faire défiler des images, des émotions, des appréhensions. Je n'ai pas pu retenir mon flow cette fois-ci, j'avais 90km/h de vent pour sécher mes joues.

Ça a beau faire la 5e fois que je repars de là, j'ai encore le coeur qui vire "dessour". Un 2e flow s'est déversé en décollant, mais cette fois, c'était mon chandail et mon foulard qui absorbaient le petit déluge. L'arrivée de nuit à Mexico city m'a rempli de magie à nouveau, c'est vraiment impressionnant comme patente! Maintenant, j'attends mon vol pour New York, avant de rentrer à Montréal. Je sens déjà ma peau qui manque d'humidité et de chaleur (je suis déjà plus sec qu'un raison sec!), mais mon coeur lui, ne manque de rien ; il a fait le plein pendant 3 beaux mois et demi.

Merci Mexico!! I love youuuuuuuu!!!

Merci la vie!!

"My heart is beating like a drum!!!"

Merci The Cat Empire pour ta vivifiante musique qui m'a fait danser et chanter sur la plage avec le sourire, particulièrement la pièce "Like a Drum"

Merci Milk & Bone pour ton album entier, et particulièrement la pièce "Pressure".

Merci "Mappemonde" des Soeurs Boulay, je l'ai écouté en boucle pendant plusieurs semaines.

Merci à Xavier Rudd pour tes vibrations profondes, particulièrement à la pièce "Spirit Bird" qui me permet toujours de faire sortir beaucoup d'émotions.

Merci Medicine for the People, c'est encore un groupe que je considère médecine pour l'âme, précisément la pièce "Aloha ke Akua (piano version), qui, peu importe le moment, me rappelle de goûter chaque instant.

Comme j'allais vous envoyer cette publication, toujours en provenance de l'aéroport de Mexico, il m'est arrivé une belle coïncidence que je ne peux m'empêcher de rajouter.

Je me suis levée pour aller vérifier la porte de mon vol et j'ai croisé George. George, c'est un mexicain que j'ai connu en novembre 2015, dans un lift entre Montréal et Victo. Je venais à peine de prendre la décision que j'allais officiellement passer mon premier hiver complet à San Agustinillo. Cette fois-là, je m'étais retrouvée avec 4 personnes sur 6 dans la mini-van qui s'en allait/retournait au Mexique dans le prochain mois. C'était un heureux hasard qui s'est un peu prolongé aujourd'hui.

D'ici quelques heures, je serai de retour dans le "cold and slushy" Montréal.

Mais comme on m'a dit que je faisais maintenant partie des meubles de San Agustinillo, ça ne m'inquiète pas trop de rentrer.

À très bientôt!

"Et si on prenait nos bagages, et qu'on entrait dans nos souliers, le coeur se saurait en voyage"
(Merci à Fred Pellerin - Au commencement du monde)

mardi 21 mars 2017

Las compras de Pochutla

Souvent quand j'arrête d'écrire pendant un bout, je viens à penser que c'est parce que je n'ai rien à dire. Et pourtant, quand je m'y remets ensuite, je suis prise dans un tourbillon d'histoires, qui me demande faire tout un casse-tête pour trouver une façon que ça ne soit pas trop un bordel à suivre.

La publication précédente, j'ai mis 5 séances de travail sur 2 jours pour la terminer. La 1ère, c'était entre 7h du matin et 9h chez moi, passant de mon lit à mon hamac. J'ai pris une pause pour descendre au village. La 2e, c'était au resto, avec un café. J'ai pris une pause pour déjeuner. La 3e, c'était après le déjeuner. J'ai pris une pause pour entretenir ma vie sociale avec une amie qui passait. La 4e, c'était après son départ. J'ai pris une pause parce que la pile de mon téléphone me l'imposait. J'ai horreur de ne pas terminer une histoire quand je la commence ; quand ça arrive, elle reste dormante dans mes notes...et j'en ai déjà quelques unes comme ça! J'ai quand même pris le reste de la journée off parce que j'étais rendue là ; il vient un moment où le cerveau est un vrai bouilli et ne veut plus coopérer à rendre les choses fluides...et aussi un moment où c'est le temps d'aller à la plage.

Bref, cette dernière publication m'a donné envie de battre le fer pendant qu'il est chaud. Et hier, c'était chaud! Je suis allée à Pochutla avec mon amie québécoise Manon. On avait toutes les deux des choses à faire chacune de notre côté. J'y étais allée la semaine dernière pour "magasiner" des articles pour la maison et cette semaine, pour les acheter. Ceux qui me connaissent bien savent que, soit j'achète sur un grand coup de tête (que je regrette souvent après coup) ou soit je regarde TOUTES les options possibles avant de faire un choix. J'ai opté pour la 2e méthode, qui n'est évidemment pas la plus douce quand les magasins sont à 1h de transport collectif. Qui dit Pochutla les lundis, dit marché hebdomadaire avec des centaines de kiosques de toutes sortes d'affaires, passant des fruits, au café, aux chapulines (sauterelles), aux gougounes, aux rallonges électriques, aux brosses à dents, aux pièces de "blender", aux meubles, aux outils, aux bobettes...alouette!

Bref, c'est un bain de foule fascinant, mais chaotique, rempli de vendeurs aux techniques de marketing des plus efficaces, du genre :

"Hay (qui se prononce a-i) Aguaaaaa!! Hay agua de sandia, de jamaica, de melon, de naranja. Hay aguaaaaaa!!!" (Et ce, crié, rapidement, et répété toutes les...2 secondes...!)

Ou une autre technique du genre :

"Guerra! Que te llevas? Guerra?...Guerra!" (Traduction libre sur un ton plus sec que l'autre de la agua) : "Hey la blanche, qu'est-ce que tu te ramènes? Envoye, come on la blanche! Achète-moi quelque chose!)

Ouf!
C'est toujours une...expérience! Mais pour quelqu'un qui aime prendre son temps, fouiner et magasiner...c'est un peu étourdissant, voir même stressant! Quand j'y étais allée la semaine dernière, j'étais remplie d'ambition d'acheter plein de cossins pour la maison. Mais, comme souvent quand je vais à Pochutla, je repars les mains presque vides en me disant que c'est épuisant trainer le stock dans le collectivo et que de toute façon, je peux tout trouver (presque!) au village...pour quelques pesos de plus évidemment.

C'était la 4e fois cette année que j'y allais et je dois avouer que je commence à y reprendre plaisir en le vivant différemment. Avant, j'arrivais, je me débarrassais de tout ce que j'avais à faire et je rentrais chez moi au plus...vite. Maintenant, j'apprends à en profiter. Je prends le temps d'aller boire un café entre 2 achats, de manger "una orden (ou deux!) de tacos" assise sur un petit tabouret de plastique cassé autour du stand ambulant en pleine rue principale quand j'ai faim, de m'acheter una "Agua" à la personne qui criait tantôt quand je finis par avoir soif.

Prendre le temps de passer du "vrai" temps dans Pochutla me permet d'être plus relaxe et d'avoir du fun à faire mes achats. Quand je suis fatiguée et écoeurée, ça finit souvent par : "F**k off! Ça m'tente pas de gosser! Je m'en r'tourne à la plage! Ya!", particulièrement quand c'est pour des choses que je ne suis pas habituée d'acheter et que je ne sais pas trop comment ça marche.

Mais, hier, parce que j'avais la bedaine pleine et le système nerveux plus reposé, j'ai pu acheter des choses moins habituelles, avec le sourire!

La première, ça a été du tissus. C'était un peu long et un peu compliqué comme processus : tu dois demander à un gars pour qu'il coupe ton tissus, qui lui te donne le papier pour que tu passes au gars de la caisse pour payer, qui lui t'envoie au gars du comptoir pour recevoir ton tissus, qui lui revérifie si le premier gars a bien fait sa job (et qui ne manque pas d'user de son statut hiérarchique pour lui faire sentir comme une merde s'il a donné 7cm de trop sur 5m).

En sortant, j'ai vu des beaux rubans, vendus au mètre, qui feraient plaisir à mes amies qui m'ont demandé de leur faire un bijoux de cheveux comme le mien avant de partir. Processus compliqué, prise 2...qui valait la peine : 3 pesos pour 6 mètres (0,19$ peut-être?).

Prochain achat "nouveau" : des clous! Ici, les quincailleries sont loin de ressembler à Réno Dépôt! Principalement, c'est un comptoir où tu demandes ce que tu as besoin, même pour une ampoule ou du tape électrique. Je demande donc comment ça marche pour acheter des clous. Il me pointe une étagère où il y a environ 6 grosseurs de clous...vendus en vrac, au poids.
Mmm...Bon...ok...
Je m'approche et je prends un p'tite poignée de clous. Un peu gênée par l'absurdité de la situation, je demande au monsieur où je dois les mettre. Il me pointe l'énorme balance. J'éclate de rire, du genre "méchante belle touriste Elise avec ta 20aine de clous"! Je les dépose...doublement gênée. Il les met dans un petit sac et me dit, avec un ton d'impuissance, de demander à la caissière combien ça coûtait. J'avais presque compris qu'il me les donnait...mais au final, c'était tout comme :

"...eee...1 peso" qu'elle me dit.

C'était sans aucun doute la première fois qu'ils vendaient assez peu de clous pour que même la balance s'en balance!

Le dernier achat peu commun : du boeuf haché. La seule fois que j'ai eu à acheter de la viande ici, c'était pour faire un pâté chinois à mon ami l'an dernier et c'est sa belle-soeur qui s'en était chargé. Je passe donc dans la section "viande" (suspendue) au marché, à la recherche du comptoir le plus inspirant. Un des vendeur me dit quand je passe devant: "Que te llevas guerra?"

Son comptoir était top clean, son chandail blanc était blanc et il était sympathique. J'ai décidé qu'il méritait mon achat :

"1 kilo de carne molida por favor".

Il me pointe la pièce de viande suspendue entre nous deux, avec une certaine attente d'approbation. Ce que j'ai fait...même si pendant une fraction de seconde, une partie de moi se dit qu'il est rendu 2h de l'après-midi et que le morceau poirotte là depuis le matin. Il m'assure qu'il va la nettoyer avant de la mouliner. Je ne comprends pas trop comment jusqu'à ce qu'il se mette à enlever au couteau le peu de gras visible. J'ai toujours pensé que le boeuf haché était un ramassis de toutes sortes d'affaires. En tous cas, pas dans ce cas-ci! La viande n'avait peut-être pas "l'air fraîche" comme nos standards nous enseignent, mais c'était bel et bien de la qualité! 150 pesos de viande (chaude!) en mains, prête à reconquérir...la route. Je suis rentrée avec Manon...et un giga panier rempli de missions accomplies. On a pris un taxi collectif (un peu plus simple et plus rapide), se partageant chacune une fesse sur le siège avant.

Ce fut une de mes plus belles journées passées à Pochutla.

La viande, c'était encore pour faire un pâté chinois. Depuis que je suis arrivée que je me suis engagée à en refaire un à mon ami. Ici, ça passe très bien, mieux que la poutine! C'est en fait une variation sur le même thème que de ce qu'ils connaissent...patates, maïs et viande... Toujours un peu bizarre par contre de les voir manger ça avec de la sauce forte et...des tortillas! Le chum de Manon tripe là-dessus aussi et ça l'air que c'est moi qui fait le meilleur. Je soupçonne la réussite grâce à mon lègue génétique de faire des bonnes patates pilées. Bref, c'est fait : j'ai mangé mon pâté chinois de l'année! Je peux passer à autre chose!

Le printemps se faire sentir ici aussi, il fait chauuuuud!!! Vivement ma grande terrasse aérée à l'ombre et les vagues rafraichissantes de la mer!

Bon équinoxe de mars!!

lundi 20 mars 2017

Mieux partir...pour mieux revenir...

C'est toujours un peu inconfortable d'acheter un billet de retour. C'est souvent une petite bataille entre :
"Je ne peux pas croire que je suis rendue là", "Je ne me sens pas si prête à partir" et "Il faudra bien rentrer un jour de toute façon".

L'an dernier, je m'étais juré de ne pas rentrer avant avril parce que mars c'est encore trop tôt. Ici tout le monde me dit :
- Oui, mais mars, c'est le printemps non!?
-Oui...mais non! Dans le calendrier oui...dans la nature c'est rarement le cas.

Vous savez de quoi je parle...avec LA tempête de l'hiver que vous avez eu mardi. C'était LE sujet du jour...même ici au restaurant! Malgré la période tranquille et la plage plutôt déserte, il y a encore beaucoup (trop?!) de québécois. J'ai reçu des messages et des photos de vous qui pensiez à moi...merci c'était très touchant (hihi!).

J'adore la neige!! Oh oui!! Je vous jure que j'adore la neige...surtout quand je n'ai pas d'obligations envers elle...du genre déneiger et conduire l'auto! Je me serais bien téléportée au Québec le temps de me pitcher dans un banc de neige, de faire de la raquette, de descendre un piste de poudreuse en snowboard, de dessiner un géant mandala sur la rivière et de m'asseoir en combines sur le bord d'un poêle à bois.

Mais cette journée-là de tempête, je n'ai pas eu le courage d'ouvrir facebook plus que 10 secondes. Une fuite peut-être...mais c'était surtout "just too much" sur un seul et même sujet. Et comme je ne suis pas fan des discussions sur la pluie et le beau temps, j'ai préféré profiter des moments ici (pas pour vous écoeurer là)...avec la plage, la chaleur et la mer...

Avril donc, c'est le mois que j'avais projeté pour rentrer. C'est le mois où le contrat de sous-location de mon cocon au Québec se termine, et payer 2 loyers en même temps ne faisait pas parti de mon plan, ni logique, ni monétaire (après tout, depuis décembre que je me gâte ici!).

Avril, c'est aussi le mois de la "semana santa" (semaine sainte). Les mexicains viennent à la plage profiter de leurs vacances...et c'est loin d'être sain! C'est plutôt la folie...c'est plutôt bof!

Alors que je commençais à penser que peut-être il serait temps de regarder une date de retour, j'ai vu passer l'annonce d'un festival de salsa organisé par mes profs du Québec...le 1er avril. Moi qui voulais rentrer en avril...il faut toujours faire attention à ce qu'on demande, non? J'aimais bien i'idée de revenir pour danser dans un festival en compagnie de mes précieux amis de salsa, mais ça impliquait que je rentre AVANT avril. Je n'étais pas encore convaincue...

Mais il vient un moment où les événements parlent. Cette fois-ci, ils m'ont chuchoté, que parfois, il vaut "mieux partir", pour "mieux revenir".

Je vous en ai déjà parlé ; ici, je me sens chez moi..."home"...

La première fois que je suis passée sur cette partie de la côte, j'ai senti que j'avais trouvé "ma" place. Cette année, ce sentiment est plus fort que jamais. Ici, je peux plonger, nager et baigner dans ma créativité, mes émotions et mes passions. J'ai trouvé une place, même deux, où je peux offrir autant que je peux recevoir. Tout ça contribue à nourrir mon sentiment d'accomplissement ; un besoin essentiel à mon bonheur.

Une des places qui me fait sentir à "ma" place, s'appelle "Casa de Pablo". Pablo c'est le propriétaire de la maison où j'habite. Je l'ai rencontré ici l'hiver dernier quand il était de passage pour des vacances dans sa maison. Quand il est parti, je lui ai proposé de recevoir les futurs voyageurs qui parlaient anglais pour faciliter la communication. C'est là que je suis tombée en amour avec le principe de AirBnB : j'aime tellement prendre soins des espaces de vie et de ses occupants, que ça me donnait envie d'en faire plus.

Par un heureux hasard (mais puisqu'il n'y a pas de hasard, mais que des rendez-vous), disons plutôt...
par un heureux rendez-vous, quand j'ai contacté Pablo en novembre pour louer la maison, elle était toujours disponible. J'ai donc loué l'appartement du haut un mois avec mon amie Marie-Pierre, tout en ayant la chance de jouer à l'hôte avec les locataires de l'appartement du bas.

Je suis ensuite déménagée dans mon hôtel fournie pour la durée de mon contrat de travail. J'aurais pu y rester plus longtemps, mais la vie tranquille de la maison retirée en montagne me manquait. Encore un beau hasard/rendez-vous : l'appartement du haut était loué, mais celui du bas était disponible.

Après avoir ouvert toutes (il y en a plusieurs!) les fenêtres, déplacé quelques trucs et installé une branche pour suspendre mes vêtements, c'est devenu "chez moi". Un beau cocon qui me ressemble. Petit, simple et coloré... À ma grande surprise, je m'y sens encore mieux qu'en haut! J'ai moins de vue, mais autant d'air, sinon plus, et j'ai une terrasse immense qui me sert de salle à manger, de salon, d'atelier, de salle de yoga...

Cette maison m'a donné l'élan de me remettre à une de mes grandes passions : observer l'espace, le réfléchir. Trouver des façons simples de l'organiser, de l'aménager, pour le rendre plus cute, plus fonctionnel et plus confortable.

Ça fait quelques années que je cherche un moyen d'en faire mon travail, mais comme le "homestaging "n'est pas populaire au Québec, je pense avoir trouvé une solution ici :
j'ai proposé à Pablo de m'occuper de quelques trucs, ce qu'il a accepté en m'accordant toute sa confiance. J'ai ressorti la peinture restante de mon projet de murale de l'an dernier et je me suis amusée à mettre un peu d'amour ici et là.

Au fil des messages que nous avons partagés, Pablo est devenu un ami. Je me sens très choyée de cet échange ; habiter et s'occuper de la maison de la personne qui l'a construite et qui rêve d'y vivre, c'est une opportunité très nourrissante.

Le comble? C'est que je peux continuer à jouer à l'hôte en m'occupant des locataires d'en haut. La dernière famille qui est venue a d'ailleurs été très inspirante. Des ontariens fort sympathiques, relaxes, intéressants et intéressés. J'ai même pu pratiquer mes techniques de maquillage sur le visage de la petite Avielle, la plus cute, tranquille et adorable des enfants. Maintenant qu'ils sont partis, je m'ennuie un peu de leur présence, particulièrement la nuit, où un simple craquement de branche me met parfois en mode "sur mes gardes".

J'ai tellement d'idées, de projets et de motivation pour cette maison, que je commençais à sentir qu'avril viendrait beaucoup trop vite et que je manquerais de temps pour tout faire.

Comme la vie fait bien les choses, un matin, tout s'est éclairci.

Je suis descendue à mon resto préféré. Préféré à cause des tables qui sont sur la plage (et donc mes pieds dans le sable), à cause des beaux souvenirs que ce lieu commence à emmagasiner, mais aussi à cause du café, des cocktails....et...du wifi.

Je me suis donc mise à écrire à Pablo : j'avais envie de lui proposer mon aide pour gérer le site AirBnB de la maison. Chose qu'il a acceptée et qui m'a vraiment fait plaisir. C'est tellement satisfaisant de savoir qu'on aide quelqu'un en faisant quelque chose qu'on aime par dessus le marché! Ça commençait bien la journée!

Ensuite, je suis montée au studio de yoga pour voir Brigitte : j'avais une offre à lui faire suite à mon expérience d'assistante, que j'ai a-do-rée!

Bien sûr, comme toute première fois, je n'étais pas toujours tout à fait comme un poisson dans l'eau. J'ai rencontré certaines de mes limites (du moment), particulièrement quand est venu le temps de jouer à la traductrice...parce que oui, j'ai dû le voir comme un jeu pour éviter de me juger dans ce qui n'était pas le plus fluide, le plus confortable, ni le plus réussie de ma vie. Mais j'ai aussi rencontré mes forces ; j'ai acquis une quantité, mais surtout une qualité d'informations au cours de mes formations et je prends un réel plaisir à les partager.

(Merci spécialement à Hervé Blondon de Satyam Yoga à Montréal pour les enseignement qu'il m'a transmis. Il m'ont permis de me sentir plus solide et de créer un climat de confiance autour de moi).

Les élèves l'ont apprécié. Brigitte aussi. Au point de me demander de l'assister dans la retraite qui suivait immédiatement la formation...ce que j'ai accepté sur le champs! Elle m'a aussi lancé l'idée de donner des cours à l'horaire régulier de la prochaine saison, chose que je n'ai pas refusée ni acceptée, étant donné que je n'avais toujours pas de plan pour l'hiver prochain.

Ce matin-là donc, je me sentais prête à lui proposer de l'aider à enseigner dans une future formation de prof, considérant que j'ai les connaissances, les aptitudes et la motivation nécessaires pour le faire.

Avant même que je prononce un mot, elle me dit (en anglais ou en espagnol...je ne sais plus! Il vient un temps où toutes les langues deviennent la même...) :

- "J'aimerais que tu me dises si tu veux officiellement donner des cours l'hiver prochain. Aussi, j'aimerais savoir si tu peux m'assister à la prochaine formation de février. "

- ... (moment de silence dans mon coeur)

Une pierre, deux coups.
Touché, coulé.

J'ai évidemment accepté, en plus de lui parler de ma proposition. Je ne sais pas si je serai vraiment prof dans la formation de profs, mais au moins, ma flèche est lancée. Le temps me dira si elle passe au travers des réflexions de Brigitte pour atteindre la cible de ses besoins. Chose certaine, me voici, de nouveau, avec un plan pour le prochain hiver, dans ce lieu de ressourcement, que je considère le refuge de mon âme.

J'ai toujours rêvé de passer plusieurs mois sur le bord de la mer et depuis que j'ai fait ma formation de prof ici, je m'imaginais y revenir pour travailler. Parfois ce qu'on désir nous crée des attentes, et qui dit attentes, dit souvent déceptions. Pas dans ce cas-ci! Au contraire... Peut-être parce que cette vision était crée par les yeux de mon coeur...et ce qui vient réellement du coeur ne vient pas avec des attentes (?).

J'arrive à peine à croire que ça se passe.

Il y a de ces choses qui viennent à nous, parfois qui sont au delà de nos attentes, au delà de nos demandes, et qui confirment que nous sommes à la bonne place.

Je peux affirmer aujourd'hui que, en plus de "ma" maison, j'ai aussi trouvé ma famille ici, celle de Solstice Yoga.

Gratitude.

Donc, si tout continue dans la même direction, en plus d'avoir du travail l'hiver prochain, je pourrai continuer de m'occuper de la maison de Pablo et de ses visiteurs.

Cette journée-là, j'ai senti que je pouvais partir...pour mieux revenir...

J'ai acheté mon billet de retour le jour suivant.

Je rentre donc le 30 mars au Québec...mais Chuuuut!!
Ne le dites pas à ma gang de salsa, c'est une surprise...

P.S. Il semble que le doux soleil du printemps est finalement bel et bien arrivé avec la date sur le calendrier. Je suis bien heureuse pour vous! Et si ce n'était pas qu'il me reste moins de 2 semaines ici, je me permettrais presque d'être jalouse, c'est un feeling incroyable de vivre la fin de l'hibernation. Mais connaissant Dame Nature, elle risque de garder des surprises pour mon retour...

lundi 6 mars 2017

Welcome Home!

Vendredi, en milieu d'après-midi, je suis descendue au village pour publier le billet de blogue que j'avais mis plus que la matinée à pitonner. Chaque fois, c'est un moment particulier de peser sur "envoyer". Plus souvent qu'autrement, après avoir manié tant d'idées et de mots sur plusieurs heures, c'est un sentiment de satisfaction qui m'habite. Parfois, c'est aussi un sentiment d'inconfort. Même si je le fais plus que tout pour moi, il reste que partager publiquement un bout de mes pensées me place dans une certaine position de vulnérabilité ; l'humain est conditionné à juger selon le critère "j'aime" ou "j'aime pas". Et, on ne se le cachera pas, il cherche à...
Eeeee non, je me reprends...(technique de meilleure communication oblige) : MOI je cherche à, entre autre...m'exprimer librement sur ce que je suis, sur comment je me sens.

Toujours est-il, qu'après voir publié sur mon blog, je vois dans ma boîte de courriels, une invitation qui date du matin, à me joindre à des amis de Victo dans une ville à 1h30 d'ici, pour une soirée qui s'annonçait super.

Ma voix d'instinct (voix #1) me dit :
"Yeahhhh vamos!!"

L'autre petite voix, elle (voix#2), celle de l'insécure-perfectionniste que j'ai déjà été (et que je suis encore par moments), n'a pas perdu de temps pour rouspéter :
"Ouin...mais tu viens d'arriver à la plage et ton plan s'était de te baigner...

Et s'ensuit le dialogue entre les deux :

Voix #1 :
Tu ne mourras pas si tu manques la plage...pour 1 journée! Et c'est pas comme si tu n'en avais pas profité depuis décembre...et qu'il ne te restait pas encore plusieurs semaines ici. En plus, les vagues sont encore gigantesques aujourd'hui, tu n'auras même pas tant de fun!" Et là-bas aussi il y a la mer!! Pfff!

Voix #2 : Il est déjà un peu tard...
Voix #1 : Euh...il est juste 15h!!

Voix #2 : D'habitude tu préfères te déplacer le matin.
Voix #1 : JUSTEMENT, t'es ici pour travailler à briser les habitudes...

Voix #2 : Tes bagages ne sont pas fait...
Voix #1 : Quels bagages?! T'as besoin d'un bikini, ta brosse à dents et des bobettes!

Voix #2 : Ah oui pis, pis t'avais prévu assister aux shows de cirque ici le soir.
Voix #1 : PRÉVU...c'est justement un mot que tu dois apprendre à utiliser avec parcimonie. Il faut bien sauter dans le bateau quand il passe...

Voix #2 : ...

Voix #1 : Gna gna! 5-0 pour moi! VAAMONOSS!!

Je sais, c'était un beaucoup trop long dialogue, voir même monologue, pour rien, mais je travaille fort à réduire l'espace disponible pour la parfois-trop-fameuse voix #2.

Bref, une heure plus tard, j'étais douchée, "coquettée". J'avais bien barricadé mon appartement contre les voleurs et les bestioles qui auraient voulues explorer mon refuge en constatant mon absence prolongée (surtout qu'en sortant mon sac j'ai vu la plus grosse des araignées de ma petite vie d'aventureuse...que vous savez, n'est rien comparée à un safari en Afrique ou du camping en pleine jungle (je vous épargne l'histoire avec l'araignée...vous me connaissez un peu, vous pouvez vous imaginez un scénario...). J'avais aussi géré le départ du locataire d'en haut que j'aurais normalement fait le lendemain, mon (mini)sac était fait et j'avais les fesses dans la boîte de pick-up, prête pour l'aventure...

Wouhouu....grosse aventure je sais!! C'est juste à 1h30 d'ici et c'est une ville où je suis déjà allée sporadiquement dans le passé, mais l'excitation de sortir de mon petit patelin (et de ma grosse, parfois trop grosse, bulle), et d'aller voir des amis était bel et bien là!

C'était tellement satisfaisant de partir avec presque rien (encore moins que d'habitude) et une idée plutôt vague d'où je m'en allais, sans même ressentir une seule pointe d'insécurité. C'est beau (et nécessaire!) de sortir de sa zone de confort de temps à autre, mais c'est aussi super intéressant de pouvoir surfer sur du "juste un peu connu". C'est juste assez pour avoir besoin d'entrer en contact avec quelqu'un dans la rue pour demander son chemin, et pas trop pour être chargée d'un stress qui empêche parfois d'apprécier la magie du moment.

J'ai passé 3 belles journées super bien entourée. J'ai rencontré des beaux jeunes bénévoles à l'auberge. J'ai découvert (et redécouvert) des plages. J'ai marché dans des quartiers qui longent la mer ; des baraques de riches protégées par du barbelée, qui donnent des frissons tellement pour moi ça ressemblent à des prisons. J'ai mangé de l'excellente bouffe de France, d'Italie et du Moyen Orient. J'ai même retrouvé "LA" place avec le meilleur gelato au monde que j'avais goûté il y a 7 ans (comme quoi les souvenirs trafiquent parfois la réalité...ou les choses changent tout simplement...parce que c'était vraiment un excellent gelato, mais je ne suis pas tombée par terre comme dans ce que je me souvenais). J'ai vu de la bonne musique live, dont le chanteur du groupe se (nous) gâtait par son attitude, sa voix, ses "moves"...en bedaine (mais surtout, en "pas-de-bedaine!). J'ai replongé dans les joies de marcher dans les rues d'une "ville", avec toute sa splendeur 100% mexicaine. J'ai vu le plus beau coucher de soleil (soleil de couche comme a si bien traduit notre ami anglophone Joseph) depuis plusieurs semaines. J'ai vécu un des plus sweet matin à boire un café sur une pointe surplombant la mer, à savourer la chaleur du soleil et la fraîcheur des éclaboussements des vagues sur les rochers, et à observer les arc-en-ciel formées par la brume au dessus de ces énormes et bruyants rouleaux blancs.

J'ai des amis motivés, inspirants et avec un très grand coeur et je suis choyée d'avoir vécue des précieux moments en leur compagnie.

Parce que toute bonne chose a une fin (qui disent!), je suis revenue, 3 jours plus tard. Avec beaucoup d'émotions, un peu de nostalgie et aussi d'excitation, je suis rentrée "chez moi", dans mon petit village tranquille qui inspire l'introspection.

Le coeur un peu gros, pour différentes raisons, je suis partie marcher sur la plage, avec l'intention de plonger dans cette Mer, cette mère, cette guérisseuse.

Presqu'au bout de la plage, une amie, anglophone, sort de l'eau, seins nus, en me disant :
"Oh my God!! I was just thinking about you!!".

Au même moment, une autre amie, chilienne, elle, apparait, flambette nue (vive la tranquilité du village en mars!) :
"Estuve pensando a ti en este momento!!"

Cette vague de "je pensais justement à toi" m'a fait plonger dans ma tristesse d'être partie, mais aussi dans ma joie d'être de retour, parmi ces femmes de coeur. Elles m'ont offert leur présence, tout simplement.

Une après l'autre, elle ont dû partir. Je pouvais et je devais rester. La dernière à quitter, l'anglophone, se retourna un peu plus loin, pour me crier avec toute son empathie :

"Welcome home!!"

J'ai re-pleuré.
De tristesse.
Mais aussi de joie.
Encore.

Tout est tellement relatif...

What is home?
Where is home?

They say : "Home is wherever your heart is"...

I agree...

Et oui, mon coeur est aussi au Québec. Salutations chaleureuses à vous, gens du pays, gens de mon pays, qui plongez de nouveau dans l'hiver. Patience, je ramènerai beaucoup de chaleur dans mes petits bagages.

vendredi 3 mars 2017

Un matin...ici...là où...

Un matin comme je les aime.
Un matin qui fait du bien.
Un matin qui me donne envie d'écrire.

Un matin qui me rappelle pourquoi je suis ici...
Parce que, oui, il m'arrive de l'oublier.

Hier, j'ai eu la chance de vivre la plus belle et unique cérémonie funéraire! Nous enterrions, sur la plage, une partie des cendres de la fille de Sharon, décédée subitement en septembre. Sharon femme (et prof de yoga) extraordinaire qui habite à Vancouver. Elle travaille avec Brigitte (et la BackMitra) depuis des années. Je l'ai connue à Montréal en 2014, lorsqu'elle m'avait contacté pour l'aider à parler, en français, de la BackMitra dans une convention de yoga thérapeutique. Je la comprends d'avoir voulu célébrer cette personne ici. C'était une cérémonie très intense, mais remplie d'offrandes, de douceur et d'espoir. Le genre de cérémonie que je nous souhaite tous quand nous quitterons ce monde physique.

Ici, tout est intense...

Autant il m'arrive de flotter, de voir clair, de me sentir complète et en confiance sur mon parcours.

Autant il m'arrive de nager dans l'incertitude et l'incompréhension et de plonger dans des parties plus sombres de ma personne.

J'en parlais avec Brigitte hier après la cérémonie. Voici ce qu'elle m'a répondu, elle qui vit ici plusieurs mois par année depuis plus de 20 ans :

"Elise, you know, here, there is darkness. But there is also light."

Quelques mots, qui m'ont beaucoup parlé...

Parce que oui, partout où il y a de la lumière, il y a de l'ombre.
Et d'une certaine façon, l'ombre, c'est aussi la lumière...

Au Québec, j'ai tendance à me sentir en cage, avec nos maisons, notre climat et nos habitudes de société. Quand j'ai visité le Mexique pour la première fois il y a 7 ans, j'ai compris que cette cage, elle est à l'intérieur, non pas à l'extérieur. Que ce n'est qu'une illusion et que j'ai le pouvoir de m'en libérer. Même si ce concept est devenu clair pour moi, j'aurai toujours besoin de me le rappeler, parce qu'un pattern, ça revient rapidement si on ne s'en occupe pas.

Et une des façons de me le rappeler, c'est de choisir de passer du temps ici.

Ici...
Là où il y a un je-ne-sais-quoi qui, au final, est à la fois guérisseur et énergisant.

Là où tout est brut et sans fla fla.

Là où les maisons n'ont peu, ou pas de mur.
Là où tu entends les écureuils ou les iguanes se promener sur le toit de feuilles de palmier.
Là où les cuisines ont 3 bols, 1 assiette, 2 verres, 1 fourchette, 4 cuillères et 6 couteaux...dont 1 qui coupe...si t'es chanceux!
Là où tu entends le bruit de tes casseroles suspendues la nuit parce qu'un chat est passé par là.
Là où tu ne peux taire le son de la mer (fiou!)...ni celui de la radio du voisin ou de la scie des travailleurs d'à côté.
Là où tu entends et tu vois toujours un oiseau quelque part, du plus mélodique chant, au plus gigantesque et épouvantable jacassement. Je me suis d'ailleurs surprise à maintenant être capable de reconnaître le cri des colibris. Cool, non? Ah oui...et vous pouvez me dire d'où ça sort que les coqs chantent juste au soleil levant?!
Ici...
Là où les fleurs sont, la plupart du temps, la seule chose restante sur les arbustes secs et dénudés, suite à plusieurs mois sans aucune goutte de pluie (comme quoi la beauté n'émerge pas juste dans l'abondance).
Là où quand tu as besoin d'eau potable, tu fais confiance à tes muscles et tu montes un 20 litres d'eau dans le sentier jusqu'à ta maison dans la montagne.
Là où tu as besoin d'une lampe de poche (ou d'un cell parce qu'on est en 2017!) pour rentrer chez toi quand ce n'est pas la pleine lune.
Là où parfois, un chien sauvage t'accueille chez toi en jappant et qu'à force de te connaître, t'accepte sur son territoire et devient ton protecteur...

Bref...
Ici...
Là où tu es exposé au monde extérieur, sans filtre et parfois même sans refuge.
Là où tu reçois tout...en plein visage.
Parfois les vagues,
Parfois les moustiques
Parfois les émotions...

Bien que ce ne soit toujours pas la fin de cette aventure, je sens que j'ai déjà surfé sur beaucoup d'émotions cette année. La mer est si différente depuis mon arrivée, elle m'aide à me rappeler que tout est un unique et perpétuel mouvement de changement.

Une des choses qui m'aide à entrer dans ce mouvement, c'est inévitablement, la musique.

Si mon matin a été si magique, c'est sans aucun doute grâce à la mer, oui, mais aussi grâce à la musique. J'adore aller au lever de soleil sur la plage avec mon iPod, le temps d'une marche et de quelques postures de yoga. Tant pis pour le silence et l'alignement parfait, le sable dans les yeux et dans la bouche...Il faut aussi se faire plaisir...

Et pour moi, le plaisir passe souvent par la musique.
De la bonne musique.

Mais qu'est-ce que de la bonne musique?

J'ai un ami qui m'a dit récemment :
"De la bonne musique, ça doit donner envie de baiser. "

Ça m'a fait sourire, parce qu'il n'a pas tout à fait tort. J'aurais envie de nuancer avec ma propre définition de "bonne" musique :

C'est celle qui vient me chercher dans les tripes.
C'est celle qui me fait danser.
Parfois avec mon corps.
Parfois avec mes idées.
Celle qui me connecte à mon être primaire...voir même primate...
Celle qui me rappelle que je suis en vie.

C'est quoi pour toi de la "bonne" musique? ;)

L'immensité dans sa plus grande beauté

L'immensité dans sa plus grande beauté