mardi 4 avril 2017

Le retour...

"La paix intérieure débute avec l'acceptation de ce qui est."
(Nicole Bordeleau)

Retour...en arrière...

Mon premier vol était prévu pour 18h. Ça me réconfortait tellement de savoir que j'allais voir le dernier coucher de soleil. Ok...les fesses sur le cuir d'avion plutôt que dans le sable, mais ce n'était pas de temps de faire des caprices. Au contraire, je me trouvais bien chanceuse de quitter en même temps que cette grande puissance qui nous maintient au chaud.

En attendant dans l'aéroport, je me suis assise sur le rebord de la fenêtre pour être le plus proche du dehors possible et j'ai commencé à écrire ce qui serait ma dernière publication à partir du Mexique. C'était ma façon d'atténuer le fait que je me trouvais à l'air climatisé, à attendre de quitter ce paradis du chaud. Je voyais les minutes passer et le soleil descendre. Mon vol avait du retard. J'ai dû faire le deuil de voir le soleil une "dernière" fois...

Comme toujours, le lâcher-prise a porté fruit! Une fois à plusieurs mètres d'altitude, il avait laissé derrière lui des couleurs chaudes intenses et un tout petit quartier de lune me souriait. Il faisait encore tout juste assez clair pour distinguer la côte dans l'étendue obscure sous l'avion. La mer turquoise claire dans laquelle je m'étais baignée dans la journée, avait mis sa robe de soirée noire aux reflets turquoises sombres. J'ai pu faire mes adieux en bonne et due forme...

Pendant mon deuxième vol, de nuit, dans lequel je me suis rappelé combien on dort mal dans un avion, je me suis réveillée juste un peu avant l'atterrissage à New York, la face dans le hublot, le lever de soleil dans les yeux. C'était ma récompense Air Miles, sans même avoir d'abonnement! Je n'avais pas pu lui dire au revoir, mais le voilà qu'il me disait bonjour. Comme quoi, je ne m'en allais pas seulement vers la fin d'une aventure, mais bien le début d'une autre...

Celle du retour...

Ce retour, dont on ne s'habitue jamais. Ce retour, où le connu nous attend. Où il nous ratrappe un peu dans le détour, à petits ou grands coups de pelle, dans la face ou dans la neige, ça dépend.

Mon premier coup aura été en descendant de l'avion à Montréal. Je devais attendre près de la porte, dans un grand courant d'air glacial du nord...(sûrement du pôle nord!!) mon sac "Carry On" qui ne rentrait pas dans les minuscules compartiments à l'intérieur de l'avion. Déjà que j'avais été gelée tout le long du vol, là, c'était la goutte!

(Bon retour au Québec Elise!)

Mon coeur a fait 4 tours!!

Un de frustration.
Un de panique.
Un de nostalgie.
Et un d'incompréhension...

"MAIS VEUX-TU B'EN ME DIRE À QUOI T'AS PENSÉ DE RENTRER ELISE!!!!"

Si je m'étais laissée réagir à cette émotion qui me criait après, j'aurais crié moi aussi et je me serais laissée échoir sur mes genoux pour pleurer. Comme j'étais entourée de gens, je me suis contenue. J'ai respiré et je me suis contenté de laisser couler quelques larmes chaudes sur mes joues.

...La paix intérieure débute avec [...]

Une fois que j'ai eu récupéré mon sac (ce qui m'a parut une éternité, mais qui a dû prendre 5 minutes...), j'ai senti le besoin de me plonger dans ma bulle pour apaiser la petite colère que j'avais envers moi-même. Ça a rendu ma marche à travers l'aéroport plus dramatique...trop dramatique! Après quelques vagues de grandes émotions, j'ai enlevé mes écouteurs. C'était "too much". Vous savez ce que c'est un film sans musique versus un film avec musique...non? Je devais me ressaisir ; le neutre est toujours plus propice pour faire face aux douaniers.

J'avais été fouillée de fond en comble à New York. Tout ça à cause de mes cerceaux lumineux qui paraissaient louches dans leur machine à tout voir. J'en ai presque manqué mon vol avec tout le zigonnage de changement de terminal et les navettes de JFK.

À Montréal, il devait être écrit dans mon front qu'on m'avait déjà fouillée, parce que je suis passée comme dans du beurre dans 'poêle.

J'avais pourtant des chapulines (des grillons séchés comestibles typiques de l'état de Oaxaca).

Dans le formulaire à remplir, ça demandait si on rapportait des insectes.

J'ai coché "non".
(C'est de la nourriture...)

Et le douanier m'a demandé :
"Avez-vous de la nourriture?"

J'ai dit non...
(C'est des insectes...)

Ciao, bye!
Merci, bonsoir! (Bonjour dans ce cas-ci!)

Je ne suis jamais sortie aussi facilement de l'aéroport de Montréal! Yé!!

Et "Thank God" : il faisait soleil et il ne faisait pas -30! J'allais pouvoir sortir sans me transformer en statue de glace!

J'ai la chance d'être super bien entourée : j'avais au moins 5 propositions à venir me récupérer à l'aéroport. C'est ma précieuse soeur qui a gagné pour venir chercher le "p'tit paquet". J'avais très hâte de la voir!! Digne de son titre de grande soeur, elle avait préparé une bonne 'tite soupe réconfortante. Chaleur dans mon coeur! Ça me préparait à survivre à ce qui s'en venait...

Mon 2e coup de pelle...

L'huile de coco (et mon baume à lèvre!) est devenu mon meilleur ami à l'aéroport de Mexico. J'en suis vite devenue accroc et j'ai décidé d'en abuser au lieu pour éviter de m'enliser dans ma vie de raisin sec. En sortant la bouteille de mon sac...

Et BOoM!!

La voilà toute pognée d'un pain, blanche et dur comme du beurre, au frigo cette fois-ci. Elle était pourtant liquide, douce et translucide il y a quelques heures à peine!

(Meeeer-deeee!!!)

J'avais complètement oublié cette information...

(Bon retour au Québec Elise!)

Je me suis retenue pour ne pas faire une petite crise de larmes, ça n'aurait pas été très mature de ma part...

Il fallait que la vie du retour continue : destination centre-ville de Montréal en autobus et en métro pour rejoindre mes parents qui m'attendaient avec un manteau, des bottes et des gants.

3e coup de pelle!

Après 3 mois en peau et en bikini, dans toute ma féminité, laissez-moi vous dire que je me sens sexy comme un tracteur avec tout cet attirail!!

(Bon retour au Québec Elise!)

Heureusement, être dans ma féminité n'était pas ma priorité cette journée-là, mais plutôt de diriger mon énergie à me maintenir au chaud et réveillée pour profiter des retrouvailles en famille. C'était d'ailleurs une excellente idée de passer du temps en ville, je me sentais encore un peu en voyage.

...Sauf quand nous sommes passés près du centre Bell par un soir de "game". Je me suis surprise en micro crise d'angoisse quand nous nous sommes arrêtés dans la station de train adjacente. La chaleur, le bruit, le murs...et tout ce monde en chandail des Canadiens...

J'étouffais!!

(Bon retour au Québec Elise!)

Vite!! De l'air!!
Je suis sortie dehors presque en courant.
Awhhhh!! Beaucoup mieux!!

Ça m'a permis de comprendre que ce n'est pas le froid qui me dérange au final ; c'est d'être prise entre 4 murs.

Être dehors...c'est définitivement ce qui me manque chaque fois que je reviens. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais commencer à faire du Hula Hoop...jouer dehors!

Heureusement, je suis consciente qu'il n'en tient qu'à moi de faire en sorte de combler ce manque. Le mot d'ordre donc des prochaines semaines : dehors.

Dehors.
Dehors.
Dehors.

Quand j'ai regagné mon appartement le lendemain, j'y suis restée...10 minutes. Je n'avais pas envie d'être là, dans mes vieilles affaires. Le ménage à faire, les boîtes à défaire, le courrier à classer...beurk!!

(Bon retour au Québec Elise!)

Dehors s'imposait...

J'ai finalement atterri chez mon ami, qui s'est improvisé mon sauveur sans le savoir, en m'invitant à l'accompagner dans un nouveau resto. J'ai surfé la soirée sur une note d'inconnu : nouveau décor, nouveaux humains, nouvelle bouffe. En plein ce que j'avais besoin!

Lendemain, direction festival de salsa, pour lequel j'avais choisi de rentrer. Ironie du sort : je n'ai finalement presque pas participé. Bien que mon coeur avait vraiment envie d'y être, ma tête elle, était sur une autre planète. Une planète mexicaine je présume. Après 3 mois de mouvements libres, placer la main droite ici, la gauche là, ouvrir les bras en faisant une vague de corps, ne pas plier les coudes, fermer les bras, tourner à gauche là, donner un coup de hanche ici, faire 2 tours, passer dans le dos du partenaire, plier le coude gauche, pencher la tête, étirer le bras, 1 tour à droite...

STOP!!!

C'était beaucoup d'informations techniques à enregistrer et ni mon cerveau ni mon corps n'étaient prêts à enregistrer. Je me sentais lourde et fatiguée. La petite neige du matin et la grisaille de la journée y étaient sans doute pour quelque chose. J'étais déçue de ne pas avoir l'énergie, mais j'ai dû passer en mode acceptation ; j'avais fait un choix très (trop...) ambitieux de rentrer la veille de l'événement. Je me suis donc contenté d'observer et d'apprécier la compagnie de mes amis danseurs. Il n'y avait pas de quoi paniquer ; des pirouettes, j'ai tous les mercredis pour en faire!

Le lendemain, tant qu'à me lancer dans le ménage de mon appartement, j'ai donné un grand coup...de guenille!

Allez! Go!
Ménage de printemps!
On ouvre!
Fait frette?
Pas grave!
Tu frotteras plus fort!!

C'est incroyable combien nettoyer un espace physique nettoie aussi un espace mental. J'avais retrouvé ma légèreté. J'ai pu sortir prendre l'air, non par fuite, mais par envie.

Mon coeur fait encore 3 tours quand j'ai des souvenirs qui "pop". Parce que non, je ne suis plus là-bas. Je suis ici. Maintenant. Alors je transforme ce pincement en papillon et je le remercie d'être venu me visiter.

Tranquillement, je me réconcilie avec mon retour.

Des fois, il m'arrive de me fâcher (inutilement, je sais!) après mon huile de coco endurcie, mais je sais que ce n'est qu'une question de temps...

Je suis encore en réadaptation sociale québécoise.

Ne vous surprenez donc pas si je prends parfois des pauses en parlant, c'est que je cherche mon mot en français. Ou encore si vous avez l'impression que je m'enligne pour vous embrasser sur la bouche...c'est qu'ici, c'est 2 becs en commençant par la joue gauche. Là-bas, c'est un seul sur droite suivi d'un câlin. Ça crée un peu de confusion des fois...

Je m'arrive encore de trouver étrange d'avoir de l'eau chaude, de pouvoir jeter mon papier de toilette DANS la toilette et de pouvoir laver ma vaisselle sans chercher à ultra-méga-optimiser l'eau.

Notre planète se porterait tellement mieux si on allait tous faire l'expérience de vivre plus avec moins. Ce n'est qu'une question de défaire les mauvaises habitudes...mais pour le faire, ça prend du temps et malheureusement c'est ce après quoi les gens courent de nos jours.

Pourtant, le temps n'existe pas. Il existe seulement sur nos appareils technologiques...

J'ai été gâtée par la vie dans les deux derniers jours. La douceur du soleil était au rendez-vous. J'ai passé du temps de qualité. J'ai croisé plein de beaux gens heureux de me revoir. J'ai reçu des grands coups d'amour, de ma famille, de mes amis, des mes élèves...

À mon grand bonheur, les petits plaisirs du Québec me reviennent, dont manger du fromage en grains, boire de la bonne bière et profiter d'un bain chaud après avoir passé du temps sur le bord de "ma" rivière, enroulée dans grosse couverture de laine réconfortante ou dans un cerceau à danser ma vie.

Les jours passent et les coups de pelles diminuent en quantité et en intensité. J'ai même rangé la mienne au placard, sachant très bien qu'elle n'a pas dit son dernier mot ; on est encore juste début avril après tout.

J'en ai la preuve en ce matin gris, venteux, pluvieux...

Une fois (une seule...parce qu'il fait TOUJOURS beau là-bas), il y avait de gros nuages de pluie à l'horizon. J'étais avec Manolo et je lui disais à quel point j'avais envie que ça se passe...combien ce serait cool de vivre un gros orage avant de partir...

Ce matin, je lui ai parlé et je lui ai expliqué la situation météorologique. Il m'a répondu que c'est pourtant ce que j'avais demandé il n'y a pas si longtemps.

Ha-Ha-ha.
Très drôle!

Mais il avait raison : il faut toujours être précis dans nos demandes...

Comme j'ai tout le mois d'avril pour apprivoiser mon Québec à nouveau, je vais prendre le temps. Je vais prendre mon temps. Je vais aller dehors, seule ou entre amis, avec et sans musique, à bouger ou à contempler, afin de rester connectée à ce que j'ai touché encore une fois au Mexique : ma lumière.

Je serai de retour au travail en mai. Om Studio m'a refait une place à l'horaire de printemps ; j'y donnerai 3 cours les lundis. Je suis encore une fois tellement reconnaissante de faire partie de cette équipe, de cette famille. Ça rend le retour plus doux.

Merci de faire partie de mon retour...

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